Ukraine : Zelensky, le stratège ou le sacrifié ?




Dans le grand échiquier de l’est, Volodymyr Zelensky tente de négocier sa survie politique et celle de son pays avec l’habileté d’un joueur de poker qui bluffe avec une paire de deux, face à un adversaire armé d’un jeu truqué. Vendredi, le président ukrainien a ouvert une brèche dans son discours jusque-là inflexible : il serait prêt à céder – temporairement – les territoires occupés par la Russie, sous certaines conditions. Mais à bien y regarder, le maître du Kremlin reste celui qui dicte les règles de cette partie explosive

Des “territoires occupés” aux “territoires concédés temporairement”

Zelensky a annoncé qu’il pourrait accepter une protection de l’Otan limitée aux zones encore sous contrôle ukrainien. Une déclaration qui sonne comme une tentative de freiner l’hémorragie d’une guerre où son armée, bien que tenace, accuse le coup face à une Russie mieux équipée et décidée à écraser toute velléité d’indépendance dans ces régions.

Le président ukrainien a expliqué, dans une interview à Sky News, qu’il envisageait de récupérer les zones perdues « par des voies diplomatiques ». Une façon élégante de dire qu’en attendant que le vent tourne (ou que l’Alliance atlantique décide de se mouiller), ces territoires pourraient bien rester sous la botte russe.

La réalité sur le terrain : Zelensky joue à cache-missile

Les faits sont têtus : Moscou contrôle environ 18 % du territoire ukrainien, y compris la Crimée annexée en 2014 et les régions de Donetsk, Lougansk, Zaporijjia, et Kherson. La progression russe, rapide ces dernières semaines, a mis Kiev au pied du mur. Les gains militaires de Poutine rappellent que, sur le terrain, c’est encore lui le patron, et que Zelensky ne peut pas distribuer les cartes, encore moins en poser les conditions.

En face, les Ukrainiens encaissent. Des frappes massives sur les infrastructures énergétiques laissent un million de personnes dans le noir mais aussi dans le froid. La menace d’un missile russe flambant neuf, baptisé « Orechnik », destiné à frapper les centres de décision de Kiev, plane comme une épée de Damoclès.

Otan : une protection à géométrie variable

L’idée de Zelensky de placer les territoires restants sous le parapluie de l’Otan via l’article 5 – la clause de défense collective – n’a rien d’une stratégie révolutionnaire. Mais à une condition : que cette protection ne s’applique qu’aux zones actuellement contrôlées par Kiev. Une manière de geler le conflit, au moins temporairement, et d’assurer un répit à l’armée ukrainienne.

Cependant, cette hypothèse revient à faire une croix temporaire (ou définitive ?) sur les territoires occupés. Car soyons honnêtes, Vladimir Poutine, tel un général d’échecs impitoyable, ne relâchera jamais la pression.

Poutine, maître du jeu

Le Kremlin, fidèle à sa stratégie du rouleau compresseur, a toujours posé ses conditions : pas d’Otan pour l’Ukraine, et pas d’accord sans un retrait complet des ambitions occidentales de Kiev. À ce stade, Zelensky semble moins poser des exigences qu’essayer de limiter les dégâts face à un adversaire qui fixe l’agenda.

La Russie s’installe solidement sur les territoires conquis, annexe à tour de bras et bombarde sans relâche. Pendant ce temps, Zelensky multiplie les interventions médiatiques pour rappeler à ses alliés que l’Ukraine reste une barrière entre l’Europe et la menace russe.

Diplomatie ou défaite camouflée ?

En acceptant un compromis temporaire, Zelensky pourrait-il être vu comme celui qui met fin à la guerre, ou comme celui qui cède à l’ultimatum russe ? Les opinions divergeront, mais l’histoire rappelle que les concessions territoriales sont rarement récupérées sans coût exorbitant. Et si le président ukrainien espère un jour regagner ces territoires « par des voies diplomatiques », il devra compter sur un miracle géopolitique ou un affaiblissement significatif de Moscou.

Une paix à quel prix ?

La guerre, dans ses phases “chaudes” ou “froides”, se joue aussi sur le terrain symbolique. Zelensky, en posant des conditions, tente de sauver la face. Mais la réalité est cruelle : il semble davantage réagir aux offensives russes qu’imposer une quelconque vision stratégique.

Le président ukrainien le sait : cette guerre n’est pas une simple partie de Monopoly où l’on peut racheter ses hôtels à coup de négociations. Tant que Poutine maintient la pression militaire et diplomatique, Kiev ne peut qu’espérer un soutien renforcé de l’Otan ou un épuisement de l’agresseur. L’un comme l’autre sont autant envisageable qu’un kebab vendant des Dürums avec de la viande de porc…

Conclusion : Zelensky, héros malgré lui

Volodymyr Zelensky, malgré ses discours combatifs et sa popularité en Occident, se retrouve face à une guerre où il doit choisir entre le moindre mal et le pire des scénarios. Ses annonces sur un potentiel gel des territoires occupés rappellent que, dans cette guerre, ce sont encore les missiles et non les mots qui dictent l’issue des combats.

La paix, si elle doit arriver, risque d’être signée sur un champ de bataille diplomatique où la Russie continue de jouer les gros bras. Et Zelensky, même avec toute la bonne volonté du monde, devra s’adapter aux règles imposées par son voisin belliqueux. Une partie d’échecs où, pour l’instant, il joue plus en défense qu’en attaque.


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