Ayé ! C’est le 1er mai ! Et en plus un jeudi… On prend une journée et on se fait un week-end de 4 jours. Ok, c’est bien tout ça mais pour ce jour férié, muguet obligatoire, syndicats à moustache, banderoles trempées, porte-voix en rade, et la douce odeur des merguez militantes sur les places publiques. C’est la Fête du Travail, oui, ce moment d’une rare cohérence où l’on célèbre la valeur du labeur en refusant catégoriquement de bosser. Si ça, c’est pas du génie civilisationnel…
Dans tous les coins de France, on retrouve les mêmes scènes de liesse et de déconnexion totale. À Paris, Marseille ou Conche en Ouche, les cortèges avancent au ralenti, encadrés par des CRS en sueur qui aimeraient bien eux aussi « célébrer le travail en ne travaillant pas ». Mais non, eux bossent, et comme à chaque fois, ils risquent de se prendre un pavé lancé par un étudiant en sociologie convaincu que « la lutte, c’est maintenant » (enfin… après son brunch végan, faut pas exagérer non plus).
Dans les maisons, c’est ambiance “week-end prolongé sans le plaisir” : les enfants sont à la maison, les parents aussi, les magasins sont fermés, y’a plus rien dans le frigo, et tu te demandes pourquoi tu vis dans un pays où un jour de congé rime avec pénurie de tout sauf de tensions conjugales. Même le chien te juge parce que t’as pas de muguet à lui offrir.
Et parlons-en, du muguet. Cette herbe décorative vendue à prix d’or sur les ronds-points, sous prétexte qu’un jour, en 1561, Charles IX a eu une lubie florale. Résultat : tu te retrouves à acheter une plante toxique à un retraité en gilet fluo qui te souhaite une “bonne journée de lutte” entre deux toux de clope. Vive la tradition.
Les syndicats paradent comme au carnaval, les slogans sont plus usés que le drapeau CGT accroché depuis 1983 sur le local communal. « On lâche rien », scandent-ils. C’est vrai. Surtout pas la sono.
Et pendant ce temps-là, les politiques tweetent. Ah ça, ils tweetent, les braves ! Chacun y va de son petit mot mielleux sur « les travailleuses et les travailleurs » (inclusivité oblige), tout en négociant en loucedé une réforme du code du travail à envoyer l’été, quand tout le monde sera en slip à Palavas.
Mais le pompon, c’est le retour au boulot du 2 mai. Gueule de bois syndicale. Tu remets ton réveil, tes fringues qui grattent, ta mauvaise humeur de salarié sous-caféiné, pour retrouver le plaisir subtil de ton open space et des mails passifs-agressifs. Et tu repenses à cette journée “de lutte” passée à galérer pour trouver une baguette et éviter tes voisins.
Et au fond, tu sais que cette fête est une farce molle, un vestige idéologique qu’on perpétue parce que ça fait bien sur le calendrier et que ça évite de se poser de vraies questions. Comme : pourquoi travaille-t-on comme des bœufs pour des clopinettes, pendant que d’autres, entre deux yachts et trois holdings, te parlent de “mérite” ?
Le Verdict :
Le 1er mai, c’est une sorte de carnaval des contradictions : on fête le travail sans travailler, on brandit des slogans pendant qu’on bronze, et on se gave de muguet comme si ça allait renverser le capitalisme. Une belle comédie nationale, entre grève générale et barbecue raté.
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